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Alix Mag', actualité sur l'oeuvre de l'univers créé par Jacques Martin, le père d' Alix, Lefranc, Jhen, Orion et Loïs.
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Alix Mag', actualité sur l'oeuvre de l'univers créé par Jacques Martin, le père d' Alix, Lefranc, Jhen, Orion et Loïs.
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13 février 2010

Les discours lus lors des obsèques de Jacques Martin

Nous vous proposons aujourd'hui les textes prononcés lors  de la messe d’enterrement de JACQUES MARTIN, le samedi 30 janvier 2010, en l’église Notre-Dame du Bon Secours à Céroux-Mousty (Belgique). Les textes sont illustrés par de nombreux  dessins rares de Jacques Martin.

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Bernard Marsaglia a lu le premier discours. Il l'a écrit au noms des enfants d'Alix. Bernard est un grand admirateur de l'oeuvre de Jacques Martin. Avec le temps , il est devenu ami avec le Maître. Il a organisé en 2008, les rencontres Jacques Martin à Versailles, où l'on fêtait les 60 ans d'Alix.

" Monsieur Martin, depuis que vous nous avez quittés jeudi 21 janvier, les Enfants d’Alix se sentent orphelins. De plusieurs nationalités (belge, espagnole, française, portugaise, suisse, entre autres), ce groupe, d’une trentaine de personnes, a eu le privilège de vous rencontrer dans les différents festivals de bandes dessinées où vous vous rendiez pour des dédicaces, des rencontres ou pour y être honoré, mais aussi de vous rendre visite de nombreuses fois à Bousval.

Là, vous nous avez toujours accueillis bien simplement, en toute amitié, et avec le sourire, malgré vos yeux fatigués. Nous avons eu la chance, ainsi, de vous rencontrer sur votre lieu de travail, pour échanger et vous permettre de répondre à nos questions – elles étaient nombreuses – et à nos attentes. Vous l’avez toujours fait avec bienveillance pour partager votre joie et vos soixante années de créativité au service de la bande dessinée, mais aussi vos difficultés.

Nous avons toujours trouvé auprès de vous écoute patiente et partage, même si, de temps en temps, vous vous mettiez en colère pour une raison que vous estimiez juste.

Nous avons apprécié  l’exigence et la rigueur qui vous habitaient, tant pour vous même personnellement que pour vos nombreux collaborateurs - scénaristes et dessinateurs - pour raconter l’Histoire, mais aussi nous conter de belles histoires. Vous nous avez fait rêver en nous conduisant à travers vos nombreux albums, en particulier dans les pays du bassin méditerranéen.

Vous aviez encore –  nous disiez-vous – beaucoup de scénarii dans les tiroirs de votre bureau pour constituer la trame de nombreux récits à venir. Mais le temps ne vous a pas permis de mener à bien ces nouvelles aventures et nous le regrettons vivement.

Vous avez accepté  de nous guider depuis quelques années à travers les localités et les régions où vous aviez conduit vos héros d’aventures et habité étant plus jeune.

Ainsi, vous avez pris la peine sur votre temps, pendant plusieurs week-ends d’automne,  de nous accompagner, malgré vos occupations professionnelles et l’état de votre santé :

- en 2006, au Haut Koenisbourg en Alsace, sur les traces de votre héros Lefranc,

- en 2007, en Alsace au Mont Sainte-Odile, pour les aventures du même personnage,

- en 2008, à  Versailles en région parisienne, pour accompagner votre héros Loïs,

- en 2009, à Bruges en Belgique, toujours au côté de Lefranc, mais là, à votre grand regret, vous n’avez pu vous joindre à nous, compte tenu de votre maladie.

Vous étiez à  nos côtés, heureux de pouvoir nous conter quelques histoires et anecdotes, ayant rythmé votre longue et passionnante vie de travail, au royaume de la bande dessinée. En tant que Maître incontesté de celle-ci, nous avons été privilégiés de pouvoir vous approcher et dialoguer avec vous en toute amitié. Nous vous en sommes infiniment reconnaissants.

Nous ajoutons nos remerciements plus spécialement à Madame Martin, votre épouse et à Frédérique, votre fille. Elles ont eu la gentillesse de nous accueillir chaleureusement à Bousval, à vos côtés.

Monsieur Martin, vous nous manquez déjà ! Maître, et néanmoins, ami, votre présence auprès de nous ne saurait s’éteindre maintenant, car, vous le savez bien, les nombreux Héros de Papier que vous avez créés ne meurent jamais. Ils ont marqué plusieurs générations de lecteurs et continueront à en marquer d’autres. Ils font partie du patrimoine et de la culture franco-belge. Soyez-en infiniment remercié. "

Paris, le 23 .01.2010

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Le second discours a été lu par Christian Merland, et co-écrit par Jean-Marc Milquet.

Christian Merland est célèbre dans l'univers Martinien, il réalise les statuettes tirées des aventures d'Alix. La griffe noire, les bustes d'Alix et Enak, Alix Gladiateur, Lefranc et Ohana (El Paradisio) c'est lui!

Jean-Marc Milquet est également  bien connu des lecteurs de Jacques Martin . Il a réalisé le blog d'Alix pendant plusieurs années et co-écrit le livre Alix, 60 ans de couverture. Il fût également le chauffeur personnel de Jacques Martin et de sa fille, lors des rencontres Martiniennes. Et là, il s'est régalé de nombreuses anecdoctes!

" Le talent seul ne suffit pas s’il ne s’accompagne pas de la passion du métier. Vous aviez tout cela Monsieur Martin, ce don pour ce merveilleux instrument de la communication.
Jusqu’à votre dernier souffle, cela aura été le moteur de votre formidable carrière. Cette énergie qui vous poussait à imaginer sans cesse d’autres scénarios pour vos héros, ou à débuter une nouvelle série à 81 ans. Cette passion qui vous amenait à aller à la rencontre de vos lecteurs, passant des heures sur un coin de table à discuter avec eux et à signer vos œuvres, même quand votre vue se dégradait, même quand votre santé commençait à vous lâcher. Vous auriez pu alors rester en retrait et profiter d’un peu de temps libre pour vous reposer en famille. Mais tous ceux qui vous connaissent savent que ce n’était pas le genre de la maison. Il vous fallait encore et toujours aller de l’avant, vous aimiez tant votre métier ainsi que vos lecteurs qui vous le rendait bien . Car pour celui qui qui découvre votre œuvre , il est émerveillé par les aventures de vos héros fidèle à vos valeurs. Vous avez marqué nos esprits par cette alchimie qui vous est propre, mélanger la réalité, votre vécu à l’histoire des hommes, toujours en quête de qualité aussi bien graphique que littéraire.

Cette passion vous aura habité jusqu’à votre dernier souffle : sur votre lit d’hôpital, au téléphone, vous demandiez ainsi notre avis sur le dernier Lefranc et évoquiez les albums à venir.
Ceux parmi vos admirateurs qui ont eu la chance de vous rencontrer auront pu apprécier votre disponibilité totale et votre gentillesse .On ne vous dérangeait jamais et les après-midis passés dans votre atelier, ou les week-ends organisés en votre compagnie sont autant de moments magiques qui resteront gravés en nous. Quel auteur de renom aurait accepté de consacrer autant de son temps à des lecteurs anonymes que nous étions? Avec votre statut de géant de la BD, vous l’avez fait, Monsieur Martin, en toute simplicité et en toute amitié.
Ces rendez-vous nous manqueront, comme nous manqueront votre enthousiasme, votre générosité et votre charisme.
Mais vous ne serez jamais loin, Monsieur Martin, grâce à vos enfants et à vos collaborateurs qui perpétuent votre œuvre nous rencontrerons encore souvent dans de prochaines aventures dont l’origine remonte à Jacques,… l’intrépide.

Vous saviez en effet que vos héros devaient vous survivre car ils appartiennent aussi un peu à vos lecteurs et c’est une ultime marque de respect que vous nous avez ainsi laissée en leur permettant de continuer à exister quand vous ne seriez plus.
Vous voici maintenant dans la lumière, cette lumière que vous évoquiez si souvent dans vos albums et nous vous imaginons dans, je vous cite, « une féerie de lumière qui se déchaîne, saluée par des milliers d’oiseaux qui chantent à l’infini ».

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Arnaud de La Croix a lu le dernier discours. Il est  éditeur  de l'Univers Martin chez Casterman, et est membre du comité Martin. Il est également historien, spécialiste du Moyen-âge.

"J’ai rencontré Jacques Martin pour la première fois il y a trente ans, au tout début des années 1980. Nous lancions avec quelques amis la nouvelle formule des « Cahiers de la bande dessinée », et il était venu là, c’était assez surprenant.
J’étais un peu intimidé, mais il était d’un abord simple, il ne faisait « pas de chichis » comme il aimait à le dire. Après dix minutes, il me racontait mille anecdotes sur son travail chez Hergé.

A cette époque-là, je n’imaginais pas une seconde que vingt ans plus tard, en 1999, j’allais me retrouver, avec l’assistance de mon ami Jimmy, éditeur de ses œuvres chez Casterman.
Ses albums m’avaient fait rêver enfant, et c’était le rêve qui s’accomplissait.
Ceci dit, il était d’une exigence terrible, et d’abord vis-à-vis de lui-même.
Mais le résultat est là : Martin a créé un genre, la bande dessinée historique rigoureusement documentée, et nombre de ses albums sont aujourd’hui des classiques.
J’ai aussi le souvenir de passionnantes conversations au sujet de l’histoire, un sujet où il brillait par l’étendue de ses connaissances et sa soif d’apprendre, jusqu’au bout.

Travailler dans l’ombre de Jacques Martin, ce fut une expérience difficile par instants, enrichissante toujours.

Nous avons tous couru sur les toits de Rome sous l’orage avec Alix, nous avons tous frémi avec Lefranc devant l’aplomb et le cynisme d’Axel Borg, comme nous avons chevauché en compagnie de Jhen dans la France de Jeanne d’Arc, et ce n’est pas fini, puisque Jacques Martin a voulu que ses personnages continuent de vivre après lui.

Pour tout ça, merci Jacques. Tu resteras quelqu’un d’inoubliable."

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Le même jour, à Angoulême, les festivaliers pouvaient voir ce panneau sur le fronton de la mairie d'Angoulême, où il était écrit:

Jacques Martin
1921-2010
Prix œuvre réaliste française 1978
(Le spectre de Carthage)

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(photo: Bruno Fermier)

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