François Corteggiani, entre Blueberry et Pif: Alix!
Le 14 novembre prochain, sortira la 31ème aventure d'Alix, "l'ombre de Sarapis", dessinée par Marco Venanzi et scénarisée par François Corteggiani.
François Corteggiani revient sur son Alix et nous parle de ses années Pif-Gadget, dont il fut dessinateur, scénariste et rédacteur en chef.
Partie 1: Alix
Vous êtes un scénariste connu et reconnu de bande dessinée, pouvez-vous nous parler de votre parcours, et des grandes séries qui ont jalonné votre carrière?
Parcours, holà, il faut que je creuse ma mémoire car cela fait pas mal de temps que je voyage a travers la planète bd.J’ai commencé dans des petits formats (un éditeur a côté de Lyon) et aux éditions Vaillant au début des années 70, et ainsi de suite.
Grandes séries ??? …la jeunesse de Blueberry bien entendu dont j’ai la responsabilité, avec Michel Blanc-Dumont maintenant, depuis la disparition de Jean-Michel Charlier…De Silence et de Sang aussi …14 volumes, ce n’est pas rien…série initiée avec Marc Malès…Marine également qui est passé de Pif-Gadget au Journal de Mickey en transitant par Hachette avant d’atterrir au Lombard…et puis Pif bien entendu.
Comment et pourquoi êtes-vous arrivé sur Alix?
C’est l’ami André Taymans qui m’a amené voir Arnaud de la Croix et Jimmy van den Hautte car je voulais faire une histoire de Lefranc. A la fin de la rencontre je suis reparti avec un album d’Alix à faire d’abord.
L'ombre de Sarapis
Cette série fait-elle parti de vos lectures d'adolescence?
En partie car mon frère était abonné à Tintin et c’est dans ce journal que je l’ai découvert. Mais j’étais plus porté sur Franquin, Greg et Tillieux…j’étais plus école dite de Charleroi qu’école dite de Bruxelles .
Tillieux, Franquin et Greg pour François, le journal Tintin pour son frère Jean-Pierre.
Pouvez-vous nous parler de l'histoire...Je crois que Cléopâtre fait un retour remarqué!
L'ombre de Sarapis...D'accord, mais qui est Sarapis?
Sarapis ou Sérapis est un dieu qui a été créé par Ptolémée premier, ancêtre de Cléopâtre et fondateur de la dynastie des Lagides que nous évoquons dans l’album .C’est une divinité « syncrétique » qui réunit les traits et apparences des dieux Hadés, Apis et Osiris.
Sarapis, musée d'Alexandrie
Pas trop de pression familiale, car je sais que votre frère est un archéologue réputé??
Non, c’est vrai que mon frère est un grand égyptologue qui fait autorité, mais de la pression aucune, il m’a, bien entendu énormément aidé sur la documentation.
Que représente l'oeuvre de Jacques Martin pour vous...et quel est votre Alix préféré?
Elle fait partie sans nul doute de la charpente de la bd franco belge, même si a mon sens Jacques Martin a dispersé son énergie en créant et en multipliant les personnages et les séries . La Griffe Noire est sans nul doute mon album préféré a cause sans doute de la formidable ambiance qui y règne.
Une idée pour un prochain Alix?
Au moins deux excellentes haha, chacune située a l’opposé géographique de l’autre.
Je crois que vous scénarisez une aventure de Lefranc. Pouvez-vous nous parler un peu de cette histoire?
C’est un pur récit d’aventure dont l’action principale se situe en Antarctique.
Planche 2 de mission antarctique.
Partie 2: Du temps de Pif gadget
Dans les années 70, vous dessinez et scénarisez des aventures de Pif. Les dessinateurs d'alors étaient Louis Cance, Michel Motti, Cavazzano. Des auteurs mythiques pour les lecteurs de Pif de ces années là!. Pouvez - vous nous parler de l'ambiance au sein du journal?
Pour Cavazzano ce sont plutôt les années 80 . L'ambiance dans ces années là était sereine et sympathique.Avec beaucoup de rencontres et d’amitié que ce soit avec Jean-Claude Poirier, Roger Kline, Jean Ollivier, Edoardo Cohelo, Marcello,Mas, Chéret, Dimberton, Motti et quelques autres…
François Corteggiani à gauche , avec Roger Lecureux et André Cheret, les papas de Rahan.
Avez-vous rencontré Cabréro Arnal? Si oui, pouvez-vous nous parler de l'homme et de l'artiste?
Quelques fois au journal…j’ai déjeuné deux fois avec lui en compagnie de Jean Ollivier et de René Moreu qui étaient ses amis.C’était un grand dessinateur et j’ai le souvenir d’un monsieur au regard rieur, très pince sans rire, en costume et gilet gris, tirant continuellement sur sa cigarette.
Cabréro Arnal, le père de Pif, Hercule, Placid et Muzo etc...
Quel souvenirs gardez-vous de ces années-là, qui ont été productives pour vous, entre Pif, Marine, Pastis et Smith et Watson?
D’excellents souvenirs pour la plupart.J’habitais a deux pas de la rédaction qui était d’abord rue des petits hôtels et ensuite non loin de là et j’y allais très souvent. Le journal, c’était un peu ma famille, j’y suis resté une vingtaine d’années et je peux dire que c’est là en grande partie que j'ai appris à faire de la véritable bande dessinée.
Pastis, créé en 1979 dans Pif, quelques années avant l'ombre de Sarapis...
Au début des années 2000, après quelques années d'interruption, Pif Gadget revient en kiosque. Pouvez-vous nous parler de ce retour, où vous étiez rédacteur en chef, et pourquoi le journal a cessé sa parution?
J’étais rédacteur en cher BD…ce retour a été fracassant c’est vrai comme celui de journal Yps ces derniers temps en Allemagne.On a tenu quatre ans malgré de nombreux avatars et on serait encore présent dans les kiosques si le journal qui était viable n’avait pas été abattu dans le dos par une balle creuse de mauvaise gestion tirée a bout touchant.
Merci François d'avoir répondu à nos questions, et bon vent pour ce nouvel Alix! Et pour finir cet entretien, un strip récent de Pif signé François Corteggiani.
Les illustrations de Pif viennent du blog :http://www.francois-corteggiani.com/