Bruxelles par Nicolas Van de Walle
Cette semaine, Jhen débarque en librairie avec 3 nouveaux albums!
La nouvelle BD , "Le Grand Duc d'Occident" (Jacques Martin/Hugues Payen/Thierry Cayman) , et 2 voyages de Jhen, L'abbaye de Villers par Yves Plateau et M. Dubuisson (qui signe ici un texte passionnant), et Bruxelles, de Nicolas Van de Walle et Jean-Marc Fagard.
Rencontre avec Nicolas Van de Walle qui illustre généreusement cette interview.
Alix Mag': Cinq ans après Caracassone, vous revoilà aux commandes graphiques d'un voyage de Jhen. Pouvez-vous nous parler de la genèse de cet album?
Nicolas Van de Walle: Je venais de terminer un album sur Jeanne d'Arc ( à paraître...), quand les éditions Casterman m'ont proposé d'embrayer directement sur Bruxelles. Comme j'avais deux albums derrière moi, ce fût plus facile. Les dessins sont d'ailleurs d'un meilleur niveau, et on m'a un peu lâché la bride. Je me suis bien amusé en le faisant, finalement, même si j'ai du m'interrompre à une où deux reprises pour effectuer des travaux divers pour raisons financières.
Cul-de-lampe non retenu de l'album Bruxelles
Alix Mag': Vous avez travaillé avec Jean-Marc Fagard, un historien de la ville de Bruxelles. Les monuments , églises ou cathédrales représentés existent-ils toujours?
Nicolas Van de Walle :Jean-Marc Fagard, qui a étudié l'archéologie à l'université de Liège, en Belgique, est également mon beau-frère. Il est également très minutieux dans son travail, remaniant ses textes encore et encore. Pour ce qui est des monuments encore debout, il reste, bien entendu l'hôtel de ville, la cathédrale Sainte gudule, l'église du sablon et quelques tours ça et là.
Alix Mag': Quelles ont été vos sources pour reconstituer Bruxelles?
Nicolas Van de Walle: Et bien, j'ai acheté tous les livres que je pouvais trouver, de préférence en marchandant âprement le prix avec le libraire, et je les ai presque tous lus. Ce n'est pas si facile de trouver des livres sur la ville médiévale de Bruxelles, même à Bruxelles, mais j'en ai tout de même trouvé un bon paquet, au prix de farfouillages laborieux dans diverses librairies et bibliothèques.
Alix Mag': Pour les reconstitutions, avez-vous pris des libertés avec l'Histoire?
Nicolas Van de Walle: Par définition, il faut bien boucher les trous. Ceci dit, j'ai toujours pris la précaution de travailler à partir de gravures d'époque, où de déscriptions précises.
Alix Mag': Qui a réalisé les couleurs?
Nicolas Van de Walle: Au départ, j'ai fait une page à l'aquarelle, celle qui représente l'abdication de Charles Quint. Ensuite, pour les autres pages, sur demande de l'éditeur, j'ai réalisé le reste des couleurs par ordinateur, minutieusement. Après avoir examiné mon travail, les éditions Casterman ont jugé opportun de les faire intégralement retoucher.
Alix Mag': Vous avez un dessin très éloigné de l'école Jacques Martin-Jean Pleyers. Quelles ont été leurs réactions lors de la sortie de Carcassonne?
Nicolas Van de Walle:Très éloigné, comme vous y allez ! Il est vrai qu'un jour, Jacques Martin m'a fait la remarque que mon dessin lui faisait penser à Lucien, de Margerin. Il ne voulait pas nécessairement me faire un compliment, bien sûr, mais à moi, ça m'a fait plaisir: j'adore Margerin, et j'étais ravi à l'idée que Jacques Martin ait déjà lu des Lucien. Il voulait, par là, me faire le reproche de dessiner parfois des personnages trop humoristiques. Je n'ai pourtant jamais fait de gros nez, ni de postures cartoonesques. Il se trouve, simplement, que j'aime les dessins vivants, animés, où il se passe des choses en arrière-plan. Je ne pense pas qu'une illustration où une case de bd doive ressembler à une exposition de mannequins de cire. Du reste, ce n'était pas le cas des albums de Jacques Martin.
Dessin d'essai pour Jacques Martin, réalisé avant Carcassonne
Alix Mag': Quels sont vos projets?
Nicolas Van de Walle:Faire de la bédé d'horreur. J'adore les films d'horreur. D'ailleurs, je travaille actuellement à un projet bd de ce type.
Alix Mag': Il y a un an que Jacques Martin nous a quitté. Pouvez-vous nous parler de vos rapports avec lui?
Nicolas Van de Walle:C'était, comme chacun le sait, un homme de caractère, mais je me suis toujours bien entendu avec lui. Il faut dire que, de mon côté, je sais faire la part des choses quand on me dit quelque chose, et remettre les choses dans leur contexte. Ça m'évite de me faire des ulcères. Jacques Martin m'a offert mon premier job, et il aura ma gratitude éternelle pour cela. Il aimait bien, après avoir regardé les dessins, discuter un moment, évoquer des souvenirs, raconter des anecdotes, toujours sur un ton passionné, presque lyrique. Un jour où je suis resté en panne de voiture devant chez lui, il l'a poussée pour la faire démarrer, malgré mes protestations : quand il avait décidé qu'il rendrait service, on pouvait danser sur sa tête, c'était définitif!
AVANT-PREMIERE: JEHANNE D' ARC