Gilbert Bouchard, ou la passion de Lugdunum
Le mois dernier est sorti dans toutes les bonnes librairies, un voyage d'Alix conscacré à l'ancienne capitale des 3 gaules (Lyonnaise, Aquitaine et Belgique): Lugdunum.
Gilbert Bouchard, le dessinateur de cet opus,répond à une interview, et nous propose toute une galerie de crayonnés. Je vous invite à vous rendre sur son blog http://bouchardgilbert.blogspot.com/ , où l'on peut voir en avant-première quelques dessins de son prochain voyage d'Alix consacré à Vienne.
A noter que Gilbert travaille également sur un essai d'adaptation de l'album des Voyages d'Alix sous la forme d'un DVD. Des partenaires pour poursuivre ce projet sont actuellement recherchés, et grâce au DVD, un autre public pourrait être touché et le film fini serait diffusé sur des chaines pédagogiques. Nous vous tiendrons au courant.
Gilbert Bouchard à RCF
Diffusion 9 novembre à 18h15, 10 novembre à 12h15 et 14
novembre à 10h35.
Après Rome, Pompéi, Athènes, Carthage, Persépolis, Jérusalem, voici que Lugdunum rejoint ces grandes cités antiques dans la collection des Voyages d'Alix.
GB. Ce n'est que justice car Lugdunum était la capitale des Gaules et, à ce titre, une des plus importantes villes de l'antiquité. Sa situation stratégique à la sortie des Alpes, au cœur des grandes voies tracées en étoile autour d'elle et au confluent du Rhône et de la Saône, les grandes autoroutes de l'époque, en faisait un lieu de passage incontournable.
Pourquoi les éditions Casterman vous ont-elles demandé d'illustrer Lugdunum?
GB: Tout simplement parce que j'habite à côté de Lyon. C'était plus simple pour moi de me rendre au musée de Fourvière qu'à celui de Cologne.
Encore fallait-il qu'ils sachent que vous habitiez près de Lyon?
GB. J'avais déjà publié quatre albums aux éditions Casterman en tant que créateur et scénariste de la série Croco et Fastefoude. Mais ce travail de scénariste humoristique était aux antipodes d'une collaboration aux Voyages d'Alix. Il s'en est fallu d'un curieux et incroyable concours de circonstances.
Je dédicaçais mes Croco et Fastefoude au Salon du Livre jeunesse de Montreuil en décembre 1999 aux côtés de Jacques Martin. Son collaborateur, Christophe Simon, était entre nous deux. Organisant à cette époque le Salon de la Bande Dessinée du Nord-Isère à La Verpillière et n'osant pas inviter Jacques Martin, je fis ma demande auprès de Christophe Simon mais celui-ci s'écarta, croyant que je m'adressais à Jacques Martin. Jacques Martin, voyant ce mouvement sur sa droite, me demanda de répéter ma proposition car il ne l'avait pas entendue Là, je fus bien obligé de lui dire que j'organisais un petit Salon à La Verpillière au mois de mars suivant et que je serais heureux de pouvoir l'y acceuillir. Et là, à ma grande surprise, il me répondit : « D'accord, mais pas en mars prochain car c'est trop proche et mon planning est déjà très chargé mais rappelez-moi pour l'édition suivante! ». Ce que je fis et, en homme de parole, Jacques Martin accepta d'être l'invité d'honneur de la 7ème édition du Salon de la Bande Dessinée du Nord-Isère. J'étais aux anges. On battit, d'ailleurs, cette année-là, tous nos records d'affluence.
. Et c'est là que vous lui avez proposé de collaborer aux Voyages d'Alix.
GB. Pas du tout. Mon rêve de recevoir un tel auteur à La Verpillière suffisait à mon bonheur. Mais voilà qu'au dernier moment, il m'informe qu'il ne pourra pas venir suite à un mouvement de grève des trains en Belgique. Toute la communication et les affiches du salon avaient été axées sur la venue de Jacques Martin, c'était un coup dur pour nous sans parler de tous les mois de préparation. Heureusement, les Dieux de l'olympe nous vinrent en aide. Tout d'abord, sous l'aspect de cette grève. En France, on sait quand elles commencent mais on ne sait pas quand elles finiront. En Belgique, elle était prévue du jeudi 22 heures au vendredi 22 heures! Ensuite, la fille de Jacques Martin me rappela pour me rassurer. Elle allait s'employer à trouver une solution. Venir après la grève signifiait rouler tout le samedi et manquer la moitié du Salon. On opta donc pour faire venir Jacques Martin et son épouse la veille de la grève, soit le jeudi.
Comme je ne pouvais pas me permettre de le laisser une journée entière dans son hôtel le vendredi, je lui proposais d'aller visiter le musée archéologique de St Romain-en-Gal qu'il ne connaissait pas.
Pourquoi ne pas être allé à celui de Fourvière?
GB. D'une part, c'était le Salon de la Bande Dessinée du Nord-Isère, il était donc logique de lui faire visiter des vestiges de la région même si vous me direz que St Romain-en-Gal est dans le Rhône! D'autre part, c'était plus proche. Ne trouvant personne pour lui servir de guide, tous nos bénévoles étant en train d'aménager la salle du Salon, je l'emmenai personnellement à St Romain en Gal avec son épouse où nous pûmes parler de la civilisation romaine tout un après-midi et où il put se rendre compte que c'était un sujet qui me passionnait. Et puis, Jacques Martin devait connaître celui de Lyon. Il connaît bien ce quartier car je vous rappelle qu'après avoir commencer ses études à l'école des Arts et Métiers d'Erquelines, il les continua aux Arts et Métiers de Lyon où il se réfugia en zone libre en 1942 après la débâcle.
A-t-on reconnu Jacques Martin au musée?
GB. Oui, tout-à-fait, ce qui est étonnant car les lecteurs connaissent généralement le visage des personnages de papier et non celui de leur géniteur. La responsable de la boutique, Patricia Brun, lui glisse « un monsieur Martin » alors que l'auteur d'Alix feuilletait les livres exposés. Être ainsi reconnu alors qu'on est là incognito a dû lui faire plaisir. De ce contact naîtra également la mise en place au musée de l'exposition « La chute d'Icare » au moment de la sortie de cet album.
Il s'est donc passé dix ans entre le Salon de Montreuil et la sortie de l'album?
GB. Exactement. Jacques Martin est venu au 7ème Salon de la Bande Dessinée du Nord-Isère en 2001 et c'est en janvier 2002 que l'on me dit, au cours d'un cocktail à l'hôtel Mercure d'Angoulême, lors du salon du même nom, que Jacques Martin serait intéressé par une collaboration avec moi. Cela dit, il s'est passé un certain nombre d'années pour terminer cet album car depuis 2002, j'ai publié huit nouveaux albums aux éditions Glénat. Cette fois-ci, je n'ai pris aucune autre commande pour pouvoir terminer « les Voyages d'Alix à Vienne » plus rapidement.
C'est Armand Desbat qui signe les textes?
GB Oui! J'ai laissé cette lourde responsabilité à un spécialiste. Armand Desbat est archéologue, spécialiste de Lugdunum et a réalisé de nombreuses fouilles sur Lyon. De plus, dans sa bibliothèque, au milieu de ses ouvrages d'archéologie, trônent quelques albums d'Alix. Son fils, Martin (je ne sais pas s'il a été prénommé ainsi en hommage au père d'Alix), après être passé par l'école Émile Cohl, est devenu auteur de bandes dessinées. Alix, l'archéologie, Lyon, la bande dessinée, tout s'entremêle logiquement. Je crois qu'il est amusant pour un archéologue de travailler dans cette collection car la présence d'Alix redonne vie aux éléments qu'il a retrouvé en les mettant en situation. J'espère d'ailleurs qu'on pourra monter une exposition où s'intercaleront vrais objets et reconstitution de ceux-ci par mes soins à travers mes originaux.
Avez-vous d'autres projets pour cette collection?
R. L'antique rivalité entre Vienne et Lugdunum joue toujours puisqu'en partenariat avec la Communauté d'Agglomération du Pays Viennois qui a commandé 3 000 exemplaires, je travaille actuellement sur « Les Voyages d'Alix à Vienne » dont l'album devrait sortir l'été prochain. Parallèlement, sera publié, avec le CRDP, un ouvrage relatant le travail de recherche et la façon dont aura été conçu l'album « Les Voyages d'Alix à Vienne » avec crayonnés, photos, commentaires et interviews.
Merci, Gilbert, pour cette interview.
PS. 1er album, La Chapelle du Démon en 1981. Les Voyages d'Alix à Lugdunum, 30ème album en 2009.
LA GRANDE EXPO D'ALIX MAG'
LUGDUNUM: LES CRAYONNES DE GILBERT BOUCHARD
Alix Mag'/Gilbert Bouchard-Jacques Martin-Casterman/octobre 2009