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Alix Mag', actualité sur l'oeuvre de l'univers créé par Jacques Martin, le père d' Alix, Lefranc, Jhen, Orion et Loïs.
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Alix Mag', actualité sur l'oeuvre de l'univers créé par Jacques Martin, le père d' Alix, Lefranc, Jhen, Orion et Loïs.
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16 août 2013

Régric et L'enfant Staline: l'interview

"L'enfant Staline", la nouvelle aventure de Lefranc, sortira en librairie le 21 août prochain.

Thierry Robberecht a écrit le scénario, Bruno Wesel a réalisé les couleurs et Régric l'a dessiné. J'ai demandé à Alain Demaret, grand admirateur de Jacques Martin de questionner le dessinateur.

IMG_4792

Régric dans son atelier

Quel est votre état d'esprit à quelques jours de la sortie d'un nouveau Lefranc?

Quand je termine un album, je suis à la fois soulagé et un peu anxieux de savoir comment il sera reçu par le public. Cependant, je n'ai pas eu le temps de trop me reposer puisque je me suis déjà lancé dans l'album suivant, à paraître l'année prochaine.

Avant de parler plus longuement de Lefranc, revenons à votre héroïne personnelle " Ana Purna ". Vous dédiez ce livre à vos maitres en BD, Hergé, Bob de Moor et Jacques Martin.

L'influence de ces trois auteurs sur moi est totale, massive et indélébile (rires)! J'ai tout d'abord découvert Tintin et Hergé . Cela m'a amené à m'intéresser à l'histoire des Studios Hergé et à découvrir les collaborateurs du Maître. J'ai découvert leur lien avec Hergé alors que je lisais déjà les aventures d'Alix, Lefranc, et Jhen ainsi que Barelli et Cori le mousaillon qui paraissaient dans le journal Tintin. J'ai eu le grand plaisir de rencontrer plusieurs fois Bob de Moor. J'ai aussi correspondu avec lui en lui envoyant mes pages pour avoir quelques conseils. J'ai fait la même chose avec Jacques Martin. Pour ce dernier, ce n'est qu'au moment ou nous allions commencer à travailler ensemble que je l'ai rencontré. Hergé, malheureusement, je ne l'ai jamais rencontré ni même envoyé la moindre lettre.

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Bob de Moor, Jacques Martin, Hergé et Baudoin Van den Brauden , en 1954. (Photo Jacques Martin)

Comment ont-ils influencé votre vie de dessinateur?

J'ai véritablement appris le découpage de bande dessinée avec Hergé. Le dynamisme, l'efficacité de la narration et puis le dessin « Ligne claire » élaboré avec patience au moyen de crayonnés mis au propre sur une autre feuille. J'admire le talent de Bob de Moor dans l'élaboration des décors qu'ils fussent pour ses propres séries ou pour Tintin. Quel bonheur, le jour ou j'ai vu pour la première fois Barelli dans « Le Seigneur de Gonobutz ». C'était une histoire en style Tintin parfaitement réalisée (et pour cause!) avec un côté humoristique plus prononcée que dans Tintin. Dans Alix et Lefranc, j'admire la mise en scène et l'élégance des personnages. Les scénarii sont solides et extraordinairement bien construits. La dédicace en début d'album dans « Eté indien pour la Mini » est bien le moins que je pouvais faire pour rendre hommage à ces Grands de la bande dessinée.

gonobutz

Barelli, "Le seigneur de Gonobutz", Bob de Moor/Bdmust

Jacques Martin disait de Bob de Moor, qu'il savait dessiner tous les styles (réaliste : Lefranc, Cori, etc... et humoristique : Barelli, Balthazar etc ....) Il semble que vous soyez dans ce cas aussi; avez-vous une préférence de style?

Non, j'aime pratiquer les deux styles, réaliste et semi-humoristique. C'est agréable de pouvoir changer d'univers et de style de dessin de temps en temps.

Les dessinateurs et scénaristes vont souvent sur place pour se rendre compte de l' ambiance réelle sur les  lieux des aventures de leur héros. Pour préparer " L'enfant Staline " avez-vous dégusté différentes vodkas?Quid de la documentation?

L'idéal serait effectivement d'aller sur place avec le scénario sous le bras et de parcourir les lieux décrits dans l'histoire. Dans la réalité, ça ne se passe pas comme ça, du moins pas souvent. Pour l'album « Noël noir », j'étais allé en repérage avec le scénariste dans une mine de charbon en Belgique. En revanche, pour « L'éternel Shogun »et « L'enfant Staline », je ne suis pas allé ni au Japon ni en Russie ! Toute la documentation, je la trouve sur internet ou dans des ouvrages. Même la bouteille de vodka et son étiquette détaillée, je les ai trouvées sur le net !

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Vous êtes en fait un metteur en scène, une BD c'est comme un film. Dès lors, avez-vous l'entière liberté de la mise en page ou suivez-vous à la lettre les conseils (directives) du scénariste ?

Le scénariste me fournit un script détaillé qui décrit les scènes et me donne les dialogues. Cependant si j'estime qu'il y a mieux à faire, que telle ou telle petite modification peut apporter plus de clarté, de fluidité ou plus de dynamisme, je change et j'adapte ce que m'a donné le scénariste.Évidemment,je ne modifie pas l'intrigue. C'est souvent au moment de l'écriture du scénario que je fais part au comité Casterman /Martin de mes remarques. Ainsi, pour « L'enfant Staline », toute la partie de la poursuite en voiture et le lac gelé sont mes apports à l'histoire. Le scénariste les a incorporés dans son scénario.

Peu importe le coût finalement ? Vous pouvez faire intervenir le nombre de figurants qu'il vous plait, les belles voitures, villas etc …

Oui, chaque Lefranc est une superproduction hollywodienne ! En effet, nous ne sommes pas limité par les coûts de production pour disposer d'avions, d'hélicoptères, de véhicules de l'armée rouge ou de laboratoires gigantesques... Et les acteurs ne protestent jamais ! L'imagination sans limite est en action !

crayonn__stalinea

Le crayonné...

Comment un dessinateur se plonge dans une époque qu'il n'a pas connue personnellement, vous êtes si jeune ?

Bon, « jeune », je l'ai été (rires). Tout comme Marc Jailloux le fait pour Alix, je cherche de la documentation pour reconstituer une époque, en l'occurrence les années 50. Bien sûr, pour moi, c'est un peu plus facile puisqu'il existe la photographie. Je recherche donc constamment des modèles de robes, de chaussures, de coiffures, de mobilier, de voitures ou de camions. En cela, les films de cette époque sont une mine d'informations puisqu'ils contiennent tout les éléments que je viens de citer.

encre_lefranc

...et l'encre.

Il semblerait, d'après les planches  pré-diffusées sur le site de Casterman, que les planches soient une fois encore divisées en trois bandes. Ne trouvez-vous pas cela un peu dommage ? J'ai l'impression que cela freine le rythme de l'histoire. Est-ce une raison éditoriale, scénaristique, un choix du dessinateur ?

Dans « l'enfant Staline », la plupart des pages sont effectivement en trois strips mais il y en a également un bon nombre en quatre strips. Je vous rappelle que Jacques Martin a été, sinon le premier, un des premiers à découper ses pages en trois strips à partir de la fin des années 60. C'est le scénariste qui décide de ce genre de choses. Si l'histoire est bien développée et fonctionne bien avec des pages ainsi découpées, il est inutile de délayer davantage pour faire plus d'images par pages. L'éditeur se moque que les pages comptent trois ou quatre strips. En revanche, si l'album compte 46 pages, là, c'est une décision éditoriale. Un album de 62 ou 64 pages comme jadis coûterait plus cher à produire.

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Crayonné planche 11

Pour continuer l'œuvre de Jacques Martin, lui (d'abord) ensuite le Comité a fait appel à de (trop) nombreux dessinateurs différents. Le lecteur n'a sans doute pas toujours retrouvé son héros d'antan ( c'est surtout valable pour Alix) ... Y-a-t-il une compétition entre les différents dessinateurs, une saine émulation ou une relation strictement professionnelle?

Il n'y a pas, je crois, de compétition entre dessinateurs puisque chacun est sur une série différente. En tous cas, j'en connais un certain nombre depuis dix ans que je suis dans les collections J. Martin et je n'ai jamais senti d'animosité entre nous. De toute façon, je vois peu mes collègues puisque je ne fais pas beaucoup de festivals et de dédicaces. Je vois de temps en temps les uns et les autres et je m'entends très bien avec eux.

Vous venez de terminer une aventure de Lefranc. Commence maintenant la tournée promotion/dédicaces ... Comment vivez-vous cette période ?

C'est un moment qui change la vie durant quelques semaines car je suis soudain obligé de sortirde mon bureau si tranquille et d'aller au devant des lecteurs. C'est à la fois assez « violent » comme changement et en même temps c'est agréable de discuter avec les gens qui achètent mes albums. Et puis, cette agitation se calme et on peut retourner à ses nouvelles planches... jusqu'à l'année suivante.

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A propos, vous avez fait revivre l'inspecteur Renard (pour lequel j'ai un faible - un peu comme le commissaire Bourdon, chez Ric Hochet) - avez vous des projets à son sujet ?

L'inspecteur renard n'est « disponible » que lorsque les aventures de Lefranc se passent en France. Il est policier français et ne peut donc pas agir hors du territoire national, comme on dit. Par conséquent, il n'est  pas présent dans « L'enfant Staline » et ne sera pas non plus dans le suivant qui se déroulera à Cuba...mais il reviendra, c'est sûr !

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Une fin changée ...

Quel est le futur de Régric ? Un nouveau Lefranc, une nouvelle aventure pour Ana Purna et sa Mini, un nouveau « Voyage de Lefranc » (une suite à l'histoire de l'aviation), des vacances bien méritées ?

Pour ce qui est de la collection  « Les voyages de Lefranc » devenus « Les reportages de Lefranc » il n'y a rien de prévu en ce qui me concerne. Ana Purna, je le crains, ne vivra pas d'autres aventures car l'éditeur Paquet et moi n'avons pas trouvé d'accord sur de nombreux points. Par contre, je suis déjà au travail sur le prochain Lefranc, à paraître en 2014. Son titre provisoire est « Cuba libre ». L'histoire se passe au moment de la révolution cubaine. (Pour la petite histoire, c'est moi qui ait soufflé l'idée d'une histoire à Cuba au comité Casterman/Martin). C'est un très bon scénario qui a été écrit par Roger Seiter.

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Il y a quelques mois sont parues deux planches de Barelli que vous avez dessiné. Est-ce un un rêve de dessiner ce personnage crée par Bob de Moor?

Oui absolument. C'est à l'initiative de l'éditeur espagnol Netcom2 Editorial que j'ai eu l'opportunité d'imaginer une mini-histoire avec Barelli en balade à Barcelone. je me suis beaucoup amusé à faire revivre ces personnage crées par Maître Bob de Moor.

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Barelli par Régric Netcom2Editorial-2013

Que pouvons nous espérer d'une telle reprise? Un album complet?

Pour l'instant, il n'y a rien en route. J'ai des idées de scénario, j'adorerai pousser plus loin l'expérience mais la décision dépend des ayants-droits. Je sais juste qu'ils ont beaucoup aimé mon travail sur ces pages de Barelli.

Quel héros de BD auriez vous aimé être et ... pourquoi ?

Difficile de répondre à cette question. Je dirais probablement Tintin ou Lefranc. Ils sont finalement très proches l'un de l'autre d'ailleurs (l'un en style semi-humoristique et l'autre en style réaliste !) Pourquoi eux ? Pour les aventures qu'ils vivent en s'en sortant toujours. Ceci étant, il faut quand même bien se rendre compte que la vie des héros de bandes dessinées est un enfer ! Ils leur arrive une somme de problèmes absolument incalculables et ce pendant des années !! Je crois que, finalement,  je préfère être un auteur de bandes dessinées qu'un héros de bandes dessinées (rires!)

Merci Régric et nous vous souhaitons bon vent pour ce nouveau Lefranc!

 

gros_plan

 

 

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Commentaires
A
Merci pour cette intéressante interview, cela change de certaines du journal à dormir debout!
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M
Bravo et merci por ce trés bonne interview, même avec des infos sur le prochain Lefranc, Cuba Libre :D
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H
merci pour cette interview et pour les planches.
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